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chefs. Je crois que l’état, formé et soutenu toujours par la violence, non seulement exclut la fraternité, mais en est tout l’opposé.

Si les hommes sont frères, il ne peut y avoir ni empereur, ni ministre, ni général, ni sujet, ni soldat. Entre frères personne ne peut avoir le droit de commander, ni personne le devoir d’obéir. Tous doivent obéir à Dieu et non aux hommes dont les ordres le plus souvent sont contraires à la loi de Dieu.

Selon moi les guerres ne finiront que quand chaque individu sera imbu à un tel point du principe religieux de ne pas faire à autrui ce qu’il ne veut pas qu’on lui fasse, que personne ne pourra accepter l’obligation du service militaire, qui n’est pas autre chose que la préparation au meurtre, l’acte le plus contraire au principe de la réciprocité, puisque chaque homme tient plus qu’à tout autre chose à la vie et par conséquent vouloir l’en priver est faire à autrui ce que l’on ne voudrait pas qu’on vous fit.

Je crois que partout, comme chez vous en Perse les Babistes,1 il y a des gens professant la vraie religion et que malgré les persécutions, auxquelles ces gens sont partout et toujours exposés, leurs idées se propageront de plus en plus et triompheront à la fin de la barbarie et de la férocité des gouvernements et surtout des tromperies, dans lesquelles ils tâchent de tenir leurs peuples. Ce ne seront pas les gouvernements qui aboliront la guerre. Au contraire, les gouvernements tâcheront toujours d’attiser les haines nationales pour rendre nécessaires les armées, qui seules constituent leur force et leur raison d’être.

La guerre ne peut etre abolie que par les individus qui en souffrent. Elles ne seront abolies que quand la vraie religion sera tellement répandue que la majorité des hommes sera prête à souffrir plutôt la violence, que de l’employer et en refusant le service militaire rendra par là la guerre absolument impossible.

En vous remerciant encore une fois pour votre lettre et votre poème je vous prie, mon Prince, de recevoir l’expression de ma parfaite considération et de mes sentiments distingués.

Je ne vous écris pas de ma propre main, parce que étant malade je suis alité.

Léon Tolstoy.

Juillet 10/23.

1901.

Toula. Russie.

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