Семь стихотворений Пушкина (Барятинский)/ДО

Семь стихотворений Пушкина
авторъ Владимир Владимирович Барятинский
Опубл.: 1899. Источникъ: az.lib.ru • (в переводе на французский язык).
Le prisonnier («Узник»)
L"аnge. («Ангел»)
Les trois sources («Три ключа»)
А un poÈte, sonnet («Поэту», сонет)
Elegie (Элегія)
Un fragment d"Andre Chenier (Отрывок из «Андре Шенье»)
Un fragment d'-EugÉne Oneguine (Отрывок из «Евгения Онегина»)

КН. В. В. БАРЯТИНСКІЙ.

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СЕМЬ СТИХОТВОРЕНІЙ А. С. ПУШКИНА
(въ переводѣ на французскій языкъ).

1.
LE PRISONNIER
(«Узникъ»).

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Derrière la grille en mon humide prison

Je regarde un jeune aigle, et ce seul compagnon

De triste solitude, en battant de son aile,

Déchire sa proie et du bec l'écartèle,

La dévore et la jette, et regarde vers moi.

Il paraît me comprendre et sentir mon émoi:

И m’appelle des yeux, de son cri lamentable,

Comme s’il voulait dire: "allons! frère implacable!

"Libres oiseaux tous deux, il nous faudrait partir

"Là-bas, où l’on voit les cimes des monts blanchir,

"Là-bas, où l’océan agite sa surface,

«Là-bas, où seuls le vent et moi fendons l’espace!»

2.
L’АNGE.
(«Ангелъ»).

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Aux portes de l’Eden un Ange

Le front incliné se tenait;

Le Démon, ce rebel étrange,

Audessus de l’enfer planait.

L’esprit du mal, l’esprit du doute

Fixait sur l’ange son regard:

Il regrettait la chaste route

Du paradis, hélas! trop tard…

Il dit: "pardonne! ton image

"N'éblouit pas mes yeux en vain!

"Je n’ai pas tout sur mon passage

«Couvert de haine et de dédain…»

3.
LES TROIS SOURCES
(«Три ключа»).

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Dans le désert humain, où rien ne nous console.

Trois sources ont jailli mystérieusement:

L’une est le frais ruisseau de la jeunesse folle.

Qui court rapide et vif en son égarement:

La seconde source est la source salutaire,

Qui nous donne le rêve et qui nous Tembellit:

Mais la source où le mieux le coeur se desaltère

C:est la source glacce où nous puisons l’oubli!

4.
А UN POÈTE, sonnet
(«Поэту», сонетъ).

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Ne cherche pas l’amour des foules, ô Poète!

De leurs ovations se calmera le bruit!

Un sot te jugera et tu seras réduit

А rester seul muet gardant ta foi secrète.

Tu es un roil vis seul! que rien ne t’inquiète!

Vas oîi ton libre esprit t’entraîne et te conduit.

Laisse mûrir encor de tes rêves le fruit

N’attends aucun hommage à ton oeuvre discrète.

Ta récompense est grande: elle git dans ton coeur,

Tu es ton propre juge; estime ta labeur…

En es tu content? la crois tu digne de blâme?

Si tu es satisfaitlaisse le genre humain

Cracher sur ton autel oii brûle cette Hamme

Et secouer, enfant! ton trépied de sa main…

5.
ELEGIE
(Элегія).

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Des jours passes la joie, hélas! défaite

М’est lourde comme un lendemain de fête.

Mais comme un vin — le chagrin d’autrefois —

Plus il est vieux, plus il pèse sur moi.

Triste chemin, où l’avenir réserve

Rien que du fiel et du travail saus verve!

Mais néanmoins je ne veux pas mourir!

Vivre — je veux pour réver et souffrir:

Je sais parmi mes heures de tristesse

J’aurai peut être un instant d’allégresse,

Et me grisant aux sons de l’harmonie

Je pleurerai devant la fantaisie,

Peut être même а mon triste déclin

L’amour viendra briller sur mon chemin!

6.
UN FRAGMENT D’ANDRE CHENIER
(Отрывокъ изъ «Андре Шенье»).

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Salut à toi, astre divin, superbe!

Salut à toi que j’adorai!

Flambeau sublime, étincellantc gerbe,

Tu éclairas le beau, le vrai!

J’ai salué ta foudre et ton tonnerre,

Lorsque grondant sur un ciel noir

Il éclata pour renverser sur terre

Le joug honteux, l’ancien pouvoir.

De tes enfants j’ai vu le grand courage,

J’ai entendu leur beau serment;

De ton histoire, heureux, j’ai lu la page…

Je t’adorai comme un amant.

J’ai vu comme un torrent irrésistible

А tout brisé sur son chemin,

Comme un tribun d’un mot ardent, terrible

Nous а prédit le lendemain.

Le trône ancien se récouvrait de gloire

Bravant tout préjugé ancien,

Le peuple heureux se remettait à croire

А la justice, aux lois, au bien.

Affreuse erreur! Erreur irréparable!

Fraternité, égalité —

Châteaux de rêve élevés sur du sable!

Ou t’а vendue, ô liberté!

Ayant banni le roi, la souveraine.

C’est le bourreau, c’est l’assassin

Qui vers la mort eu nous narguant nous mène

Voilant un ténébreux dessein.

Honte et malheur!.. Mais toi, déesse pure!

Toi, liberté! je te bénis!

Car tu n’es pas coupable de l’injure

Du meurtre infâme et du mépris!

Tu nous cachas ta noble et douce face,

Couverte d’un voile de sang…

Mais tu viendras reprendre encor ta place,

Nous reverrons ton regard franc.

Le peuple, ayant goutté de ton breuvage,

Veut s’en désaltérer encor

Tu montreras ton calme et beau visage

Dans un riant et pur décor.

L'égalité que nous croyons un rêve

Cessera de l'être un beau jour;

La guerre éteinte, une éternelle trêve

Rapportera la paix, l’amour…

7.
UN FRAGMENT D'-EUGÉNE ONEGUINE
(Отрывокъ изъ «Евгенія Онѣгина»).

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… Elle dit d’une douce voix:

"Assez. Relevez-vous. Je dois

"Vous dire tout avec franchise.

"Souvenez vous du temps lointain,

"De notre rencontre au jardin,

"De la leèon fort bien comprise,

"Que vous donniez à mon amour…

"Mais maintenant — а moi le tour.

"Onéguine, autrefois plus belle

"Et, certes, plus jeune j'étais!

"Etais-je à votre amour rebelle?

"Quelle réponse m’attendait,

"Et qu’ai-je trouvé dans votre âme?

"De la froideur! Ma douce flamme

"Ne disait rien à votre coeur.

Meme aujourd’hui je sens la peur

Glacer mon sang!.. — Je me rappelle

De ce regard dur et hautain,

"De ce sermon si grave… Enfin!

"Votre action me parut belle…

"Peut être étiez vous dans le vrai:

"Vous accuser je ne saurais.

"Alors, si loin de toute chose,

"Je vous avais déplu là-bas;

"Mais maintenant pour quelle cause

"Me poursuivez vous pas à pas,

"Partout, toujours, chaque seconde?

"Est ce parceque dans le monde

"On me reèoit et que je suis

"Honorée et riche aujourd’hui?

"Que mon mari pour за blessure,

"Gagnée à un combat un jour

"Est estimé même à la Cour?

"Ou parceque ma flétrissure

"Vous donnerait le grand honneur

"D'être nommé mon séducteur?

"Je pleure et si votre mémoire

"Chérit encor Votre Tagna,

"Sachez — et vous devez me croire —

"А votre amour qui m’indigna,

"А vos serments et à vos larmes,

"Je préfère les cruels charmes

"De vos discours moqueurs et froids;

"Car pour mes rêves d’autrefois

"Vous aviez trouvé dans votre âme

"Alors au moins de la pitié…

"Mais quoi maintenant à mes pieds

"Vous fait tomber! Ah, c’est infâme!

"Comment un sentiment si vil

«Peut naître dans un coeur subtil!»

"Pour moi, Eugène, ma richesse,

"Ma vie avec son faux éclat,

"Le monde avec за petitesse —

"Ah! que m’importe tout cela!

"J’aurais donné même avec joie

"Tous ces haillons, brodés de soie

"Cette fumée et ce bruit vain —

"Pour mes livres, mon vieux jardin,

"Pour notre modeste demeure,

"Où pour la première fois

"Je me grisai de votre voix,

"Et pour la tombe, où а cette heure

"Dort à l’ombre d’un arbrisseau

"Celle qui me vit au berceau.

"Et le bonheur était si proche

"Et si possible! mais mon sort

"S’est décidé! Je me reproche

"De l’avoir fait… peut être а tort!

"Ma mère en pleurs priait sa fille…

"J’ai consenti pour ma famille,

"Car tout m'était indifférent.

"Je suis mariée et je prends

"Votre parole… je supplie

"De me laisser, car votre coeur

"Est celui d’un homme d’honneur.

"Ah! laissez moi! je me défie…

"Je vous aime… mais mon amour

«Est а un autre pour toujours».

Пушкинскій сборникъ. (Въ память столѣтія дня рожденія поэта) С.-Петербургъ, 1899