Письма к А. А. Воейковой (Вяземский)/ДО

Письма к А. А. Воейковой
авторъ Петр Андреевич Вяземский
Опубл.: 1848. Источникъ: az.lib.ru

Письма князя Петра Андреевича Вяземскаго къ А. А. Воейковой.
С.-Петербургъ.
Типографія М. М. Стасюлевича. Вас. остр., 5 л., 28.
1913.
20 Juillet 1848.

Maintenant que la tourmente s’appaise un peu et que notre horizon commence à s'éclaircir, j’ose croire, qu’il n’y a pas trop d’indiscrétion à venir me rappeler à votre hon souvenir et à vous prier de me donner de vos nouvelles. Je vous prie de croire, que je n’ai pas attendu jusqu'à ce moment pour en avoir d’indirectes et pour savoir ce qui se passait chez vous. Je voyais de temps en temps quelques personnes, qui pouvaient satisfaire là dessus ma tendre curiosité et sollicitude. Mais cela ne me suffit pas. J’aimerais bien à avoir un certificat de vie et de santé signé de votre main. C’est à cette fin, que je m’adresse directement à vous. Quant à nous, au moment, où nous comptions aller à la campagne près de Moscou, nous nous sommes trouvés pris entre deux peurs, c. à. d. entre deux choléras, celui de Moscou et de Pétersbourg, et nous avons fini par nous réfugier à l’institut forestier. Nous y sommes, Dieu merci, assez bien, sans quelques petites alarmes et quelques légères indispositions, qui viennent de temps en temps nous remettre sur le qui vive. Nous avons de bonnes nouvelles des Karamzine. Ils n’ont pas de choléra dans leur contrée. C’est tout dire. Par le temps, qui court, on n’est pas exigeant. Dès qu’un pays n’est point livré aux révolutions ou au choléra, on s’y croit dans le paradis terrestre. J’espère, que c’est votre cas dans le bien heureux Sergueewka, paradis toujours et aujourd’hui à ce titre doublement et triplement paradis. Pour charmer mes ennuis et distraire ma mélancolie je me reporte souvent en idée sous l’ombrage hospitalier de vos arbres touffus et embaumés. C’est particulièrement après demain que je compte y faire mentalement, d’esprit et de coeur un pèlerinage pieux et poétique. Si vous êtes douée d’une seconde vue, et toute femme en est douée quand elle le veut bien, vous pourrez me voir le 22 dans la foule des vassaux qui viendront déposer aux pieds de leur jeune et belle souveraine, l’hommage de leurs félicitations, de leurs voeux et de leur profond dévouement. Pour finir par quelque chok, qui puisse donner à ma lettre un intérêt personnel à vos yeux, et pour que vous ne puissiez pas me reprocher de ne penser qu'à moi et à ce qui me tient au coeur, je vous prierai de me donner des nouvelles du p. Tscherkaski. Adressez-moi, je vous prie, votre réponse въ Государственный заемный банкъ, car je ne mets pas en doute votre charité et je suis convaincu que vous me ferez l’aumône de' quelques mots.

C’est dans cet espoir, que je vous baise la main et vous prie d’agréer l’hommage de mes sentiments affectueux et dévoués.

Wiazemsky.

Ma femme et Marie vous disent mille amitiés.

3 août 1848.

Je vous remercie de tout mon coeur, chère mademoiselle Voyeikoff, pour votre bonne lettre. La complaisance, que vous avez eu de porter à la connaissance de Madame la grande duchesse mon humble souvenir, mes voeux et mes félicitations et l’indulgence avec laquelle elle a bien voulu les agréer, me donnent aujourd’hui le courage de vous envoyer la pièce de vers ci-jointe. Elle a été écrite à mon retour de Sersgueewka et est restée en quarantaine dans mon portefeuille jusqu'à ce moment: à chaque jour sa peine. Le choléra et de médiocres vers à la fois, c’en était beaucoup trop. Maintenant on peut avec moins de scrupule se permettre d’ennuyer un peu son monde. Le cas est moins grave. En tout cas vous verrez, que ces vers ne sont point une fiction. Ce sont des souvenirs, des impressions de voyage recueillis sur les lieux. C’est leur seul mérite, mais c’est aussi leur, coté faible. Ils doivent perdre à la comparaison avec l’original et la réalité. Quoi qu’il en soit, les voici tels, qu’ils sont. Je les confie et les recommande à votre discrétion ou indiscrétion, comme vous le jugerez à propos. Oui, certainement il y avait un peu de malice dans ma question au sujet de l’illustre prince, et vous n'êtes pas trop naïve en ne vous en étant pas doutée.

Vous avez tort d’en vouloir à Joukowsky de retarder son arrivée par crainte du choléra. Comment voulez vous, qu’il se décide avec une femme malade et des enfants à venir dans un climat nouveau pour eux, au moment où la maladie ravage le pays. Il est bien plus prudent d’accepter la maladie, quand elle vient vous trouver dans un endroit où vous êtes déjà acclimatisé que de courir les grands chemins pour aller à sa rencontre. D’ailleurs, sa femme a là, où elle est, des médecins, qui ont sa confiance, ses habitudes. Ici tout lui serait étranger et nouveau; et la crainte compliquerait trop la situation. Ma femme et Marie vous disent mille choses amicales.

Si ce n’est point du prince en question, qu’il doit être question, dites moi donc, quel est le nom tendre et mystérieux, qui doit résonner dans mes lettres, pour que vous me prêtiez une oreille attentive et bienveillante. Sophie Karamsine fait à cheval des promenades de quarante verstes. Tout le monde se porte bien chez eux.

Mille hommages dévoués et affectueux.

Wiazemsky.

Confidentiellement. M-me Tutscheff a besoin d’aller en Allemagne et désirerait obtenir une expédition de courrier pour faire ce voyage à moins de frais et conserver son traitement. Ne pourriez-vous pas intéresser madame la grande duchesse à la réussite de ce projet. Un mot de sa part pourrait lui valoir cette petite faveur. Tâchez chère mademoiselle Voeikoff d’arranger cette affaire. Mais en tout cas n’en parlez, je vous prie, qu'à qui de droit, et à personne d’autre. Je dépose à vos pieds toutes mes adorations, mes regrets d'être né trop tard pour vous tourner la tête et mes hommages les plus tendres et les plus dévoués.

Wiazemsky,

M-me Tutscheff a dit à son mari, que c'était vous, qui de votre propre inspiration, ayant entendu parler du désir, qu’il avait d’aller en Allemagne, en aviez fait part à M. la g. D. qui à son tour en avait parlé au comte K. Je vous en avertis, afin que ce soit dans ce sens que vous puissiez traiter la question avec m-me Tutscheff et les autres, si quelque conversation s’engagait sur ce sujet. En tout cas grâce vous soit rendue pour votre bonne intercession, — et pour le succès de votre démarche, car je n’en doute pas surtout, si l’on veut bien dire encore un mot favorable, quand l’occasion s’en présentera.

Mille tendres et dévoués hommages.

Wiazemsky.

Nous voulons entre amis fêter l’anniversaire du jour de naissance de Joukowsky, qui comme vous le savez a lieu samedi le 29 de ce mois. Il va sans dire, que la fête ne serait pas complète, et serait même, complètement manquée, si vous n’y preniez pas la part, qui vous revient à tant de titres. Nous espérons ma femme et moi, que vous serez des nôtres, ainsi que la comtesse Tolstoy.

Si par hazard, vous manquiez à ce rendez-vous de coeur et d’affection, c’est alors que je vous proclamerai la plus mondaine des femmes. Vous devriez aussi nous faire le plaisir de nous amener mademoiselle votre soeur.

Il est bien entendu, que notre réunion a lieu le soir.

Mille hommages dévoués.

Wiazemsky. 6.

Voici une réminiscence un peu tardive de notre soirée en l’honneur de Joukowsky, mais ce n’est qu’aujourd’hui que j’ai pu obtenir les imprimés. Il y en a un pour vous, pour votre soeur, pour la C-tesse Tolstoy et sa mère et trois pour vos amis absents. Des vers réchauffés ne valent pas grand chose. Ils doivent être avalés à la minute et tous brûlants, comme des petits pâtés. Mais quant à une bonne action il n’y a pas de prescription. Vous devriez tâcher de donner quelque publicité dans le cercle auguste à la drôlerie ci-jointe de Joukowsky et ramener un peu d’argent en faveur de la filleule de Joukowsky et de sa nombreuse famille. Mettez-vous à l’oeuvre, chère mademoiselle Woyeikoff, et que le bon Dieu vous vienne en aide. Il y a mille ans, que je ne vous vois plus. Vous ne concevez pas toute ma tristesse, car votre coeur et ses affections sont tournés d’un autre côté et vous jouissez en plein soleil de la vue de votre bien-aimé. L’heureux mortel! Quant à moi, rejeté dans l’ombre je n’en suis pas moins votre constant et ardent adorateur.

22 Février.

J’ai fait ma présentation au sujet de M-r Tchékossanoff, mais comme il s’agit d’argent à débourser et que par le temps, qui court on n’a pas d’argent de trop, je crains bien, que ma présentation ne tombe dans l’eau. Cherchez à intéresser le ministre en sa faveur. Votre intercession auprès de m-me Wrontchenko ne peut être, que très efficace, car elle a le coeur très bien placé, c. à. d. toujours tourné vers les jolies femmes. Je n’ai pas l’honneur de connaître m-me Tchékossanoff, mais on la dit aussi fort jolie et il faudrait bien du guignon si le ministre résistait à votre douce puissance coalisée. Essayez toujours et pour ma part je vous en serais très reconnaissant, car j’ai beaucoup d’estime pour m-me Tchékossanoff et aimerais bien à voir son service encouragé et recompensé.

Mille hommages dévoués

Wiazemsky.

Je ne suis ni assez audacieux, ni assez indiscret pour vous engager à venir ce soir chez nous, mais je vous dis en passant, que nous sommes à la maison. Ma femme a reèu la triste nouvelle de la mort de son beau frère Lodomirski, et moi, je suis indisposé et ne quitte pas ma chambre. On me dit, que vous avez le 2-me vol. de Leblanc. Pourriez-vous me le prêter? Et n’avez-vous pas la brochure d’un homme d'état sur le ministère Guizot? Mille hommages tendres et dévoués.

Wiazemsky.

Ce lundi.

Vous, qui nous promettez toujours de venir nous voir et ne venez jamais, ne viendriez-vous pas demain soir? Je ne puis vous promettre de préférence, ni même la présence d’un préféré, mais je vous promets la reconnaissence du plus constant de vos préférateurs.

Mille hommages dévoués.

Wiazemsky.

Faites-moi savoir, je vous prie, si vous acceptez ma proposition?

Quoique vous soyez un peu………quoique vous ne soyez pas tout à fait……quoique vos idées et vos principes ……, enfin vous me comprenez. Et si ce n’est point, parce que vous lirez la lettre de Joukowsky quoique.

Quand viendrez — vous passer une soirée chez nous? Indiquez nous le jour qui vous conviendra. En attendant mille hommages tendres et dévoués.

Wiazemsky.

Le 24 Octobre.


Отъ меня требовали русскихъ романовъ. Я поспѣшилъ исполнить приказаніе. Мнѣ обѣщаны были книжки de «La Revue des deux Mondes» за нынѣшній годъ, и я смиренно осмѣливаюсь напомнить благосклонное обѣщаніе. Также смиренно и съ робостью повергаю къ милымъ ножкамъ и на судъ строгой критики прилагаемыя здѣсь странички.

3 мая.

Напрасно изволите во мнѣ сомнѣваться. Напрасно изъ первоклассныхъ изволите причислять себя ко второму разряду. Подымайте выше. Очень рады будемъ Вамъ во вторникъ. Не могу быть къ Вамъ сегодня потому, что y меня литературный комитетъ по дѣламъ Жуковскаго, который собирается издать полное собраніе своихъ сочиненій.

Цѣлую Ваши ножки.

28 сентября.

Я приходилъ по православному обычаю троекратнымъ лобзаніемъ за себя и за……… похристосоваться съ Вами (и того шесть лобзаній, которыя за мною и за Вами до перваго свиданія).

Вторникъ.

Когда-бы не былъ я ужъ отставный поэтъ,

Когда-бъ не выслужилъ узаконенныхъ лѣтъ,

Въ которыя даны намъ тайный даръ и сила

Вливать огонь и жизнь въ холодныя чернила,

О, какъ-бы горячо затрепеталъ мой стихъ,

О, какъ-бы я легко въ избыткѣ чувствъ моихъ

Воспѣлъ, откинувъ лесть и вымыселъ хвалебной,

Хозяйку милую обители волшебной,

Гдѣ царствуетъ она безъ пышной суеты,

Единой прелестью ума и красоты!

Въ тѣ дни какъ было-бъ мнѣ легко рукой свободной

Въ картинѣ пламенной и съ подлинникомъ сходной,

Какъ въ зеркалѣ живомъ, изобразить ее

И въ сельской тишинѣ ея житье-бытье.

Представить, какъ ова въ саду богатомъ тѣнью,

Внимая здѣсь и тамъ журчащихъ водъ паденью,

Въ нарядѣ утреннемъ, воздушна и свѣтла,

Красивой ножкою, какъ кончикомъ крыла,

Чуть вѣетъ по цвѣтамъ и изумрудной ткани

И свѣжій нектаръ пьетъ живыхъ благоуханій.

Все жизнь и радость въ ней! И мыслью, и душой,

И юною своей цвѣтущей красотой

Она сливается сочувствій тайной силой

Съ природой, какъ она, цвѣтущею и милой.

Вхожу въ святилище. Здѣсь стихнетъ внѣшыій шумъ:

Здѣсь мыслящій досугъ. Здѣсь чувство, вкусъ и умъ

Въ роскошной простотѣ, при помощи взаимной,

Устроили себѣ пріютъ гостепріимной.

Свободно льется здѣсь радушный разговоръ:

Не попадешь въ бѣду, хоть-бы сказалъ и вздоръ.

Здѣсь слушаетъ она фонъ-Визина разсказы.

Ей Астрадитъ его и Ванька пучеглазый

Не дики. Прихоти заемной новизны

Не заглушили въ ней народныхъ чувствъ струиы,

И острый умъ ея, не чопорный и чуткій,

Сочувствовать готовъ замашкѣ русской шутки.

Родной поэзіи ей милы имена:

Татьяной Лариной любуется она,

Жуковскаго, еще младенцу въ колыбели,

Ей пѣсни на душу волшебный сонъ напѣли,

И сонъ сей на яву — сонъ чудной красоты;

И жизнь въ ней разцвѣла всей прелестью мечты.

Вотъ вечеръ наступилъ, роскошный вечеръ мая,

Конями рѣзвыми искусно управляя,

Летитъ она стрѣлой чрезъ нивы и лѣса,

И къ ней ласкаются земля и небеса.

То мѣсяцъ молодой къ добру ей свѣтитъ справа,

То голубой заливъ, то томная дубрава

Привѣтствуютъ ее прохладою своей,

И пѣснью звѵчныхъ волнъ, и шопотомъ вѣтвей.

Но можно-ли въ словахъ холодныхъ и несвязныхъ

Всю прелесть уловить красотъ разнообразныхъ,

Которыми глаза и умъ упоены?

Какъ приковать къ стиху всѣ радужные сны,

Приснившіеся мнѣ въ очарованьи сладкомъ?

Въ душѣ живетъ ихъ слѣдъ горячимъ отпечаткомъ,

Къ прекрасному любовь въ душѣ еще жива,

Но измѣняютъ мнѣ безсильныя слова.

Такъ упраздненный жрецъ, въ день праздничный средь храма

Рукою набожной не жжетъ ужъ ѳиміама

Предъ свѣтлымъ олтаремъ богини красоты,

Не онъ приноситъ въ даръ ей свѣжіе цвѣты;

При жертвенныхъ огняхъ, въ благоуханьи дымпомъ

Не онъ привѣтствуетъ богиню звучнымъ гимномъ.

Другимъ, счастливѣйшимъ, онъ уступаетъ честь

Ей дань приличную и гласную принесть.

A самъ, таясь въ тѣни поклонникомъ смиреннымъ,

Онъ вторитъ про себя моленьямъ вдохновеннымъ,

И пѣснью внутренней и жертвою нѣмой

Возноситъ душу онъ къ богинѣ молодой.

Май. 1848.

Сообщилъ гр. Бревернъ-де-ла Гарди.