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instant livrés à eux mêmes, sans occupations ou sans distractions.

Si même le goût du travail n’est pas un vice, il ne peut à aucun point de vue être envisagé comme un mérite. Le travail pas plus que la nutrition ne peut être une vertu, le travail est un besoin dont la privation est une souffrance et l’élever au rang de mérite est aussi monstrueux que d’on faire autant pour la nutrition. La seule explication de cette étrange valeur attribuée au travail dans notre société est que nos ancêtres ont érigé l’oisiveté en attribut de noblesse, presque de mérite et que les gens de notre temps ne se sont pas encore complètement libérés de ce préjugé. Le travail, l’exercice de nos organes, ne saurait être un mérite, parce qu’il est toujours une nécessité pour chaque homme ainsi que pour chaque animal, comme le certifient égalemens les galopades d’un veau attaché à une corde et dans notre société, les exercices stupides auxquels s’adonnent les gens riches et bien nourris, qui ne trouvent pas d’emploi plus raisonnable et utile à leurs facultés mentales que la composition et la lecture d’articles de journaux et de romans, le jeu d’échecs et de cartes, la gymnastique, l’escrime, le lawn-tennis, les courses et autres, pour l’exercice de leurs museles.

A mon avis non seulement le travail n’est pas une vertu, mais dans notre société défectueusement organisée il est le plus souvent un des principaux moyens d’anesthesie morale dans le genre du tabac, du vin et autres moyens employés par les hommes pour s’étourdir sur le désordre et le vide de leur existence; et c’est précisément sous ce jour que M. Zola recommande le travail à la jeunesse.

La grande différence entre la lettre de M. Dumas et le discours de M. Zola, sans parler de la différence extérieure qui consiste en ce que le discours de M. Zola est adressé à la jeunesse dont il semble rechercher l’approbation, tandis que la lettre de M. Dumas ne fait pas de compliments aux jeunes gens mais au contraire au lieu de leur inculquer qu’ils sont des personnages importants et que tout dépend d’eux (ce qu’ils ne doivent jamais croire pour être bons à quelque chose) leur signale, leurs défauts habituels, leur présomption et leur légèreté et par cela leur est utile au lieu de leur être nuisible; la grande différence de ces deux écrits consiste en ce que le discors de M. Zola a pour but de retenir les hommes sur la voie dans laquelle ils se trouvent, en leur faisant

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