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qui nous venaient très souvent de Silistrie et avec lesquels j’avais très souvent l’occasion de causer moi-même — on savait que ce fort pris — chose dont personne ne doutait — Silistrie ne pouvait tenir plus de 2, 3 jours. N’est ce pas que si cette nouvelle devait faire de la peine à quelqu’un ce devait être au Prince, qui pendant toute cette campagne ayant fait toutes choses pour le mieux au beau milieu de l’action a venu [?] venir le maréchal sur son dos pour gater les affaires et puis ayant la seule chance de réparer nos revers par cet assaut il reçoit un contre ordre du Maréchal au moment de la commencer. Eh bien le Prince n’a pas eu un moment de mauvaise humeur, lui qui est si impressionable, au contraire il a été content de pouvoir éviter cette boucherie dont il devait porter la responsabilité et tout le tems de la retraite qu’il a dirigé lui même ne voulant passer qu’avec le dernier des soldats qui s’est faite avec un ordre et une exactitude remarquable il a été plus gai qu’il ne l’a jamais été. — Ce qui contribuait beaucoup à sa bonne humeur c’était l’emigration de près de 7 000 familles Bolgars que nous prenions avec pour les sauver de la férocité des Turcs, férocité à laquelle malgré mon incrédulité j’ai été obligé de croire. Dès que nous avons quitté les différents villages Bolgars que nous occupions les Turcs y sont venus et excepté les femmes assez jeunes pour un harem ils ont fait main basse sur tous ce qu’il y avait. Il y a un village dans lequel je suis allé du camp pour y prendre du lait et des fruits qui a été exterminé de la sorte. — Alors dès que le Prince avait fait savoir aux Bolgars que ceux qui le voulaient pouvaient avec l’armée passer le Danube et devenir sujets Russes, tout le pays s’est soulevé et tous avec leur femmes, enfants, chevaux, bétail arrivaient au pont, mais comme il était impossible de les prendre tous le Prince a été obligé de refuser à ceux qui sont venus les derniers et il fallait voir comme cela le chagrinait; il recevait toutes les députations qui venaient de ces pauvres gens, il causait avec chacun d’eux, tâchait de leur expliquer l’impossibilité de la chose, leur proposait de passer sans leur chariots et leur bétails et en se chargeant de leur moyens de subsistance jusqu’à ce qu’il arrivassent en Russie, payait de sa propre bourse des vaisseaux particuliers pour les transporter, en un mot faisant tout son possible pour faire du bien à ces gens. Oui chère tante je voudrais bien que votre prophetie se réalise. La chose que j’ambitionne le plus est d’être l’aide de camp d’un homme comme lui qui

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