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comme sur la main. On entendait les coups de canons et de fusils, qui ne cessaient ni jour ni nuits et avec une lunette d’aproche on pouvait distinguer les soldats Turcs. Il est vrai que c’est un drôle de plaisir que de voir des gens s’entretuer et cependant tous les soirs et matins je me mettais sur ma повозки et je restait des heures entières à regarder et ce n’est pas moi seul qui le faisait. Le spectacle était vraiment beau, et surtout la nuit. Les nuits ordinairement nos soldats se mettaient aux travaux des tranchées et les Turcs se jettaient sur eux pour les en empêcher, alors il fallait voir et entendre, cette fusillade. La première nuit que j’ai passé au camp ce bruit terrible m’a réveillé et effrayé, je croyais qu’on allait à l’assaut et j’ai bien vite fait seller mon cheval; mais ceux qui avaient déjà passé quelque tems au camp me dirent que je n’avais qu’à me tenir tranquille, que cette canonade et fusillade était une chose ordinaire et qu’on appelait en plaisantant «Allah». — Alors je me suis recouché, mais ne pouvant m’endormir je me suis amusé ma montre à la main, à compter les coups de canons que j’entendais et j’ai compté 100 explosions dans l’espace d’une minute. Et cependant tout ceci n’a pas du tout de près l’air aussi effrayant que cela le parait. La nuit quand on n’y voyait rien, c’était à qui brulerait le plus de poudre et avec ces milliers de coup de canons on tuait tout au plus une 30-ne d’hommes de part et d’autre. Vous me permettrez chère tante de m’adresser dans cette lettre à Nicolas; car une fois que je me suis mis à donner des détails de la guerre je voudrais continuer et m’adresser à un homme qui me comprenne et vous puisse donner des explications sur ce que vous paraitra obscure. — Ceci donc est le spectacle ordinaire que nous avions tous les jours et dans lesquels quand on m’envoyait avec des ordres dans les tranchées je prenais aussi ma part; mais nous avions aussi des spectacles extraordinaires, comme celui de la veille de l’assaut, quand on a fait sauter une mine de 240 poudes des poudres2 sous l’un des bastions de l’ennemi. Le matin de cette journée le Prince3 avait été aux tranchées avec tout son état major (comme le Général4 auprès du quel je suis en fait partie j’y ai aussi été) pour faire les dispositions définitives pour l’assaut du lendemain5 le plan — trop long pour que je puisse l’expliquer ici — était si bien fait tout était si bien prévu que personne ne doutait de la réussite. A propos de cela il faut que je vous dise encore que je commence à avoir une admiration pour le prince (au reste il

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