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Travailler au nom de la science? Mais le fait est que le mot science a un sens tellement large et si peu défini que ce que certaines gens considèrent comme science est considéré par d’autres comme une occupation oiseuse et vaine, et cela non seulement par les profanes mais par les prêtres de la science eux mêmes. Tandis que les savants spiritualistes considèrent la jurisprudence, la théologie et la philosophie même comme les sciences les plus nécessaires et les plus importantes, les positivistes considèrent précisément ces mêmes sciences comme des futilités, n’ayant aucune valeur scientifique, et réciproquement, ce que les positivistes estiment comme la science des sciences — la sociologie est considérée par les théologiens et les philosophes spiritualistes comme un assemblage d’observations et d’assertions arbitraires et inutiles. De plus dans une seule et même branche, en philosophie de même que dans les sciences naturelles chaque système a d’ardents défenseurs et de non moins ardents détracteurs, également compétents, mais soutenant des opinions diamétralement opposées.

Excepté cela ne voit-on pas chaque année de nouvelles découvertes scientifiques qui après avoir émerveillé les badauds du monde entier et fait la gloire et la fortune de leurs inventeurs sont reconnues pour de ridicules erreurs par ceux mêmes qui les avaient pronées.

Nous savons tous ce que les Romains regardaient comme la science par excellence, comme l’occupation la plus importante et dont ils se glorificient par devant les barbares était la rhétorique, c’est à dire un exercice dont nous nous moquons aujourd’hui et qui n’a pas même rang de science. De même il nous est difficile de comprendre à présent l’état d’esprit des savants du moyen âge qui étaient pleinement convaincus que toute la science se concentrait dans la scolastique. Or, si notre siècle ne fait pas exception, ce que nous n’avons aucun droit de supposer, il ne faut pas une grande hardiesse d’esprit pour conclure par analogie, que parmi les connaissances qui occupent principalement l’attention des savants de notre siècle et qu’on appelle science, il s’en trouve nécessairement de telles qui auront pour nos descendants la même valeur qu’ont pour nous la rhétorique des anciens et la scolastique du moyen âge.

Le discours de M. Zola est surtout dirigé contre certains guides de la jeunesse qui l’engagent à revenir aux croyances religieuses. M. Zola comme champion de la science se croit leur adversaire,

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