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Mais ils mentent. De tout temps, l’humanité n’a pas fait autre chose dans son progrès que de définir le bien et le beau. Le bien est défini depuis des sciècles. Mais cette définition ne leur convient pas; elle démasque la futilité, si ce n’est les effets nuisibles, contraires au bien et au beau, de ce qu’ils appellent leurs sciences et leurs arts. Le bien et le beau est défini depuis des siècles. Les Brahmanes, les sages des Bouddhistes, les sages des Chinois, des Hébreux, des Egyptiens, les stoïciens grecs l’ont défini, et l’evangile l’a défini de la manière la plus précise. Tout ce qui réunit les hommes est le bien et le beau, — tout ce qui les sépare est le mal et le laid. Tout le monde connaît cette formule. Elle est écrite dans notre coeur.

Le bien et le beau pour l’humanité est ce qui unit les hommes. Eh bien, si les partisans des sciences et des arts avaient en effet pour motif le bien de l’humanité, ils n’auraient pas ignoré le bien de l’homme, et, ne l’ignorant pas, ils n’auraient cultivé que les sciences et les arts qui mènent à ce but. Il n’y aurait pas de sciences juridiques, de science militaire, de science d’économie politique, ni de finances, qui n’ont d’autre but que le bien-être de certaines nations au détriment des autres. Si le bien avait été, en effet, le critérium de la science et des arts, jamais les recherches des sciences positives, complètement futiles par rapport au véritable bien de l’humanité, n’auraient acquis l’importance qu’elles ont, ni surtout les produits de nos arts, bons pour tout au plus à désennuyer les oisifs.

La sagesse humaine ne consiste point dans le savoir des choses. Et il y a une infinité de choses qu’on peut savoir. Et connaître le plus de choses possible ne constitue pas la sagesse. La sagesse humaine consiste à connaître l’ordre des choses qu’il est bon de savoir consiste à savoir ranger ses connaissances d’après leur importance.

Or, de toutes les sciences que l’homme peut et doit savoir, la principale, c’est la science de vivre de manière à faire le moins de mal et le plus de bien possible, et de tous les arts, celui de savoir éviter le mal et produire le bien avec le moins d’efforts possible. Et voilà qu’il se trouve que parmi tous les arts et les sciences qui prétendent servir au bien de l’humanité — la première des sciences et le premier des arts par leur importance non seulement n’existent pas, mais sont exclus de la liste des sciences et des arts.

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